Du mollet, de la cuisse et de la pompe à clous vont malmener saignants le gazon frais d’automne aux champignons d’hallus de nos terres d’icy. Y’aura du convivial à s’échauffer l’épaule, numéroter les abattis dans une mêlée de premier ordre. Novembre des marrons tiendra promesse d’assaisonner les gros buffets, un art de plaire sans la modération de croire que la baston c’est pas bien. Une planète ovale en fête, pour la joie des plus forts et le plaisir des hommes en quête de moissons.
L’Europe un peu lascive recevra dans ses flancs dès le 4 novembre hordes emblématiques de l’hémisphères sud, tribus gavées de gigots moutonniers, kangourous ressorts, antilopes épicées, potorous, gros matous…
En ouverture des gros buffets, dès demain, Aussies fondront sur les poireaux Gallois, le lendemain Blacks Zélandais effeuilleront la rose épine sur le pré Twickenham, une dominicale embrassade de « bienvenue at home ».
D’autres festins suivront. Déplumage de coqs en banlieue lyonnaise par des AB jouteurs, machouillis de trèfle pour springboks sur pâtis irlandais.
Pumas souples et massifs, cuissots de la pampa, gratigneront l’Europe d’une patte acérée. Mangeurs de caribou des contrées canadiennes ajouteront des coups. Ces peuplades lointaines annoncent gonflées d’air de leur printemps tout neuf les couleurs de l’affront et la fin du transat. La France pas farouche se plaira à l’accueil par deux fois des vainqueurs Zélandais des tri nations 2006, puis bal Argentin pour un tango rageur et clôture des noubas.
Trêve internationale donc rompue dans le climat instable d’une atmosphère colorée dont on entrevoit à peine les conséquences fatales.
Les mâles les plus mûrs auront prétextes sûrs à se rincer la glotte dans le carburant sombre pour soudoyer un temps que la poésie vache trop rarement atteint, abandonnant, toute honte bue et pour cause, leurs mousmés et bambins à des week-ends fantômes, pendant qu’eux se ravissent en groupes pas jojos, à mater les combats et jubiler paillards. Va yavoir de la bûche à la crème de partout, des chandelles de trente six, avents acidulés d’un noël des sapins. Va falloir se montrer digne d’un tel état des lieux, impavide, pas mi teint pas lopette, distributeurs de jetons aux faridondaines de saison.
Brutes épaisses de tous bords, esthètes du buffet chaud, du rififi tout va à pattes et saucisson, pas rétifs, mènes pas large mais viandus pue-la-sueur, plaqueurs fondus de pralines sur la terre bénie des saintes égratignures, rentre lard à battoirs, comptables des sutures, c’est l’heure des franches giflées. On sent comme on respire une unité parfaite entre cœurs, entre esprits ralliant par effet de retrouvailles cet élan au plaisir du bien vivre.
Trêve de paix ! Trêve de soif ! Bienvenu l’étranger ! Laissons jambons trotter, bouteilles circuler et gobelets tinter, recevons dignement ces guerriers d’outre-monde, qu’ils dégustent plein bocal les gâteries d'ici. Bataillons fermement, buvons de trop sans soif, entonnons les cantiques. Jamais l’âme d’un guerrier en lieu sec n’habite. In pugna veritas.
Trêve de paix ! Trêve de soif ! Bienvenu l’étranger ! Laissons jambons trotter, bouteilles circuler et gobelets tinter, recevons dignement ces guerriers d’outre-monde, qu’ils dégustent plein bocal les gâteries d'ici. Bataillons fermement, buvons de trop sans soif, entonnons les cantiques. Jamais l’âme d’un guerrier en lieu sec n’habite. In pugna veritas.
© Le Pilier