DU SACRÉ AUX GRANDS EFFETS !
Des Blacks unis, des Gallois qui voient rouge !
Sacré match des All Blacks devant des Gallois qui n’ont pas démérité. On les croyait assommés à la mi-temps mais leur fougue a su bousculer d’invincibles adversaires pour inscrire un essai de cœur à l’arrachée et finir sur les cannes 45 à 10.
A l’instar de Hook le talentueux Gallois en poste de centre cette fois, les Reds ont donné une leçon de courage à ceux qui baissent les bras avant le coup de sifflet final.
Pas rien de le dire ! Car il en fallait du jus face à cette équipe rodée, collective, hyper présente en défense, joueuse comme on sait, les faisant reculer sur les attaques comme lors du premier test contre les blous. Un idéal de jeu à servir tel quel dans les manuels pour faire comprendre au monde ovale ce qu’est le rugby, au néophyte la valeur profonde d’un esprit de corps.
Tout y était!
Une défense impressionnante, ferreuse, avec altération des manières de plaquer. Parfois le Black joue l’homme et le ballon, seul ou à deux, parfois uniquement l’homme suivant la nécessité, pressant, tamponnant, bousculant l’adversaire toujours sur le reculoir.
Une fraîcheur physique tout flamme, des relances locomotivantes, des phases statiques imposantes... bref du jus de pas chaussette !! Arf !
Ces diables noirs ( pour l’occase), savent récupérer pour ne pas faire d’efforts inutiles. Leurs têtes fonctionnent même dans la tourmente. Il regardent, observent, font toujours l’effort de transmettre la balle à leurs coéquipiers même s’ils sont pris de toutes parts.
Ils comprennent ce qu’ils font. Ils lisent le jeu et partant l’imposent.
Un joueur perce, les suiveurs sur des trajectoires donnant possibilités de transmission s’organisent. Le porteur lève la tête et regarde malgré la vitesse quelle option choisir avant de penser comme un mulet à l’en but. Rico Gear, pour parler de lui en a fait la démonstration probante. Nous disons, « pour parler de lui », car il est presque gênant de dissocier ce groupe en rapportant l’exploit d’un seul. Même s’il est vrai que les individualités qui forment cette équipe sont tout à fait remarquables, en citer une c’est vraiment les gratifier toutes, tant c’est une entité indissoluble ou chacun apporte sa contribution dans le combat pour construire la victoire.
Oui Carter est phénoménal, oui la pince monseigneur Collins est du meilleur alliage, oui le frénétique capitaine Caw est sur tout les bons coups, oui Sivivatu va vite, oui la première ligne est solide, oui le seconde ligne Williams en place de troisième ligne couvrante vous trouve une touche de quarante mètres d’un coup de pompe magistral, oui le vivace Kelleher insuffle un rythme infernal, jetant des ballons à son ouverture à la vitesse d’un obus, plaquant les plus gros, oui Muliaina est habile, oui Robinson, oui So'oialo, oui pour tous les participants de cette somptueuse leçon, mais surtout, c’est là, la majeure posture, le substrat fondamental, le point décisif, toutes ces têtes ne font qu’un.
Et puis quel entraîneur cet Henry, pour sûr il connaît son job et la rotation sans tournis, où tous participent d’un même jeu. Un roulement de l’effectif boule de neige pour une avalanche de noirs.
Le tout plus fort que la somme des parties. Les Blacks ne sont pas quinze sur la pelouse. Quinze plus l’entité qui les lie, un esprit d’équipe affirmé, galvanisé par le Haka, valeur fondamentale d’un rite, d’une croyance, allégeance au sacré qui habitait nos natures bien avant la mise au pas de l’ordre social. Pour appropriation d’une figure Girardienne sise en son ouvrage d’anthropologie fondamentale « Des choses cachées depuis la fondation du monde », les joueurs s’engagent, existent, vivent, se battent, les uns pour les autres, les uns par les autres, et forment un système doté d’une cohérence interne qui confère à leur culture une unité pas farouche, une entité du multiple coalescent, un corpus qui parait infrangible.
Merci pour cette démonstration qui rend grâce à cette vertu par trop oubliée sur nos terres matérialistes : le sens du sacré, de l’ineffable principe.
Mc Caw vient d'être élu meilleur joueur de l'année par l'IRB.
Les Blacks meilleure équipe, Graham Henry meilleur coach.
Sans rajout.
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