On le voulait, ils l’ont fait !!!
Wayne Barnes arbitre donc la finale CDM… c’est bien… on pensait aussi à Jaco Peyper, mais blessé. Le premier était déjà à la baguette lors de deux rencontres des All Blacks. Chef d’orchestre parfait… même si faut bien dire, les matchs étaient lisibles comme des abécédaires, les musiciens du pâtis impecs... les intentions impartiales et mesurées du sifflet, fermes, avec ce rien d’interprétation qui fait d’un arbitre le garant des fluidités.
On connaît les controverses suscitées par certaines décisions lors de rencontres précédentes… l’éternel débat qui ne mesure pas toujours à quel point porter le sifflet est un engagement bien lourd.
Pas pour nous !!! Si on renaude parfois sur une énormité, on laisse toujours l’humeur dans le cadre verdoyant du pré !!! Comme nous appréciions hier encore Nigel Owens l’impeccable Gallois, un des plus remarquables à son poste, on trouve que Barnes s’est remarquablement bonifié au cour du temps. Il officie désormais en paix, ce qui est la moindre des choses, au pays du long nuage blanc, après avoir subi quelques assauts malveillants subséquents à ce quart 2007 contre les Bleus, dont tout le monde se souvient... mais qu'on oublie sans lésiner sur l'amnésie !!! Pardi !!!
En somme l’affiche est belle, et le régulateur de la joute à la mesure de l’enjeu. Car va y’avoir du sport sacrebleu… du Bok et du Black face à face pour une finale de prestige, avec en point de mire un record pour la nation gagnante. Quatre cruchons à la maison, ya de quoi repeindre le plafond, changer la cuisinière… prolonger l’étagère, et alimenter le phantasme délirant d’être la plus grande nation de tous les temps !!! Arf !!! Un genre de prix Nobel dynamite en somme… à faire péter les bouchons de la retenue explosive… si on aime les oxymorons !!!
Car quoi, ce n’est qu’un match de rugby… mais qui consacre les deux plus grandes nations du cuir… pas de doute. On ne présente pas les Blacks, plus d’un siècle d’hégémonie… qui dit en passant ont remarquablement assuré lors de cette édition. Nous proposant ce qui se fait de mieux, de plus beau, de plus juste, de plus didactique même… avons savouré toutes leurs rencontres, avec cette montée en puissance jusqu’à ce match emblématique, que beaucoup estiment à juste titre être le plus beau de la compétition. On veut parler bien sûr de celui contre l’Irlande !!!
En face ya quand même du lourd et du beau monde. Pas le même style, plus compact, plus ruck, plus épais… moins gracieux dirons-nous… mais néanmoins sacrément solide et valeureux. Ont dû laisser quelques poils de crinière sur le green quand même… vu la teneur des rencontres précédentes, pas sûr du tout qu’ils soient aussi frétillants devant ces ABs, qu’ils connaissent certes parfaitement bien, mais contre lesquels ils ont déjà perdu cette année durant le rugby Championship.
Diagnostic ? Pronostic ? N’en n’avons cure dans un sens… la meilleure manière de savourer la chicore. Même si... même si, il est quasiment impossible de ne pas pousser un peu plus derrière le pack de qui on sait.
Étrange sujétion au final… faut bien dire, certes justifiée par le plaisir du style, l’art de vaincre en mettant les formes… la manière… idéal de perfection quand on s’exalte sur certaines figures. Et là, pas de doute possible, quand on se pare d’Outrenoir, on travaille en fait avec la lumière… comme disait l’artiste… la lumière réfléchie par les états de surface du noir… par les mouvements solidaires, impromptus de la troupe… les transmissions vivaces inattendues… par ces ondulations improbables qui font du terrain, derrière l'écume tourbillonnante argentée, un champ féerique.
Ce noir qui transcende, qui vaporise un temps la pesanteur du monde… émetteur de clarté, de lumière secrète, que l’on voudrait perpétuer au-delà du pâtis.
Allez Boks, come on Blacks… le grand rugby vous remercie… on vous attend… de pied ferme et ravi !!!
On devrait se mettre à la poésie nous !!! © Le Pilier