30 septembre 2023

LA LUTTE ENCHANTÉE

Les romains, disait-on, n’avaient pas peur des Blacks. Ce qui montre, sans contredit leur courage !!! En même temps sont rompus aux roustes les gaziers… après plus de 20 piges dans le tournoi et toutes les cuillères de bois encaissées, ont de quoi fournir la troupe en couverts lors des banquets !!! 
Score final 96-17… sans appel. Une balade en forme de leçon de rugby, remarquable sur le plan esthétique, certes exsangue de résistance, mais d’une correction parfaite... sans bobo ni dosette, remisant les constellations ovales à leur juste positionnement cosmique !!!
Un poids lourd joutant son sparring partner, n’incite pas aux pronostics délirants, ni aux exaltations débordantes question suspens. 

En somme, ni un polar, ni un film d’espionnage… plutôt une sorte d’opéra… dans un espace Viennois aux modénatures colorées d’un siècle fastueux, avec à la direction, la baguette magique d’Amadeus virevoltant dès l’ouverture de cette Lutte Enchantée !!!
Ce n'est pas tant le résultat, donc, qui nous importe... que la partition qu'on lui attribue !!!!
Ainsi le plaisir de constater le champion parfaitement enclin à mener le bal sur le terrain verdoyant des échanges et de ravir une attente que la passion active.


Les Blacks gondolaient donc sur la portée comme des ondes mélismatiques sillonnant les parallèles de figures savoureuses, l’orchestre symphonique en cadence suspensive, conclusive, en imposait d’effets !!!
Tout y'avait… croches pointées bien aux cannes, rondes appuyées plein buffet, doubles, triples crochets, transmissions fugaces, incises étayant l’interprétation d’un phrasé pour envoyer la note fondamentale dans l’en but final... et conclure la période bellement !!!
Cette métrique avisée, à faire pâlir, mais pas à taire, un philistin chantonnant une Marseillaise inappropriée, alors qu’aucun gallinacé ne grattouillait le pâtis lyonnais… cette métrique disions-nous, imposait une attention permanente tant les figures qu’elle proposait se succédaient en cadence régulière, dès le kick off, pour au final conclure un livret joliment fourni, aux harmonies concluantes, résolutives, maîtrisées, surprenantes parfois, comme un songe mélancolique abordant le réel prosaïque s’éprendrait de sa teneur analeptique en exaltant la vie !!! Arf !!! 
Pour le dire uniment, ça frisait la fugue, y'avait du canon, de la sonate en saut majeur, quand Mc Kenzie notamment s’immisça dans le thème avec cette fougue impétueuse et enjouée qu’on lui connaît. Beau ténor intempestif au sourire matois, le gazier fait du bien dès qu'il occupe le terrain.

L’opéra c’est Mozart pis c’est tout… le lutin Mc-K-Papageno sa flûte d'oiseleur... et les Blacks, tels qu’en eux-mêmes, délaissant romantisme sous sa forme alanguie, démonisme au tumulte de la condition des maladresses passées, ont accompli une œuvre en LA majeur, groupant les digressions, affirmant les cadences les plus stables, organisant les zones de tension et les temps de repos... invitant la surprise à n'être que ce qu'elle est... perforante !!!

Tosca, Traviata, Nabucco Norma, Turandot c’est bien joli, ça ravit les Puccini en herbe de ruminant et parleurs à flonflons, les oreilles en carton... mais ça n’a pas l’audace virevoltante et raffinée, parfois dilettante, de l’érotique spontanéité invisible du maître des ravissements sonores !!! 
Hé hé… en somme ça ne vole pas aussi haut qu’une flûte enchantée par des coffres au souffle océanique des îles antipodiennes, qui non contents de prendre au sérieux la joute, ont su en séquences mesurées tenir un rythme chromatique régulier, non sans agogiques percées, et renvoyer l’ennui dans les trous noirs du temps perdu !!! Hips !!! 

Il faudrait oublier Mozart pour s'enivrer des autres... 
Il faudrait oublier les All Blacks 
pour s’exalter sur des opéras mineurs !!! 

En un mot, c’était beau !!! © Le Pilier