04 mars 2009

MESURE, FORCE & PROGRÈS


Quand mars attaque on danse la sarabande... glottinons à plusieurs lunes... des nuits durant... c’est l’effet printemps qui s’annonce... Sophie... L parfois... Julie souvent... même Justine... qui savourent généralement nos zélucubrations, se plaisent à répandre que le Pilier est bien plus qu’un déballeur de langouse à volutes hyperboliques... qu’un subtil dialecticien des pâtis... ferme dans le ruck, prince dans l’intervalle... bâtisseur de grandes figures... visionneur dans la critique... pourvoyeur d’imparables solus... bref qu’il mériterait d’entraîner cette EDF vouée semble-t-il aux exploits sporadiques mais pas à l’incontestable hégémonie. Pas faux toussa... mais faudrait nous payer cher... car ya du sacré taf à accomplir eu égard au retard accumulé depuis plus d’une décennie en nos zovales pâtis. La structure même du championnat, cette hyper pléthore de matchs qui use nos guerriers, fatigue incontestablement les cuissots de nos jeunes gaziers, on n’en cause plus depuis lurette sachant d’expérience qu’entre le constat d’un « ça va pas » et les solutions évidentes pour un « ça va beaucoup mieux » une période incalculable est nécessaire pour que la lumière accède au cortex conservateur de nos zhuiles décideuses... puis le grisbi... puis les jalousies... puis l’incompétence infinie... bref la panoplie des bouffe-progrès. Nous, ferions un Top réduit, une Coupe d’Europe aussi... moins de matchs, plus de tonique, de technique, d’envie, partant plus de joie.
Le beau c’est du rare
, si on démultiplie on s'escagasse, on se lasse... comme disait notre génial poète Brassens, l’arc en ciel qui dure un quart d’heure personne ne le regarde plus...

Moins de bastons donc, comme moins d’étrangers... si le rugby est le plus prestigieux jeu de l’univers, prisé des Dieux, il le doit entre autres vertus, pour beaucoup,
à la préservation des styles
.
Sommes pour les différences. L’artiche dénature tout... c’est connu, a la fâcheuse tendance de subsumer les singularités sous la même forme. On veut un rugby pour chaque patrie... on bâtit une armée avec des gars du coin, pas avec des mercenaires...
L’Europe commence à piller les clubs du grand sud en leur chipant les meilleurs joueurs. Sommes contre ça. En sus ils prennent d’évidence la place des jeunes en formation. Tous y perdent. A l’heure du grand mélange démagogique le Pilier s’oppose donc à la venue massive des étrangers sur nos terrains majeurs. Qu’ils soient Européens ou du bout du monde. Sommes total contre les jeux du cirque avec de grandes figures de joueurs qui viennent pour contenter ces vils spectateurs en mal de starlettes. Un phénoménal Carter doit rester at home... pas du cinoche le rugby... doit se bastonner avec et pour ses frères de jeu, de style, de sang... même s’il nous plaît de le voir en nos prés, préférons qu’il soit et reste rare... débarque avec son équipe à lui, ses mœurs, ses gestes spécifiques... sa couleur unique... son élégance polie sous le nuage blanc... Les Blacks sont grands, sont beaux, parce qu’ils sont rares, avec leurs secrets de jeu, leurs figures bien à eux... idem les Boks... les Aussies... doivent pas venir se dénaturer chez nous... on a bien assez à apprendre en les jouant, les regardant... essayer de faire mieux avec nos propres atouts, notre propre style de jeu, nos gaziers de chez nous... C’est ça la modernité que le grand rugby doit incarner... le mélange bien sûr,
mais dans la préservation des styles
.
Et le style c’est l’homme... de culture, de patrie, de terre, de bled, de mémoire... il y a suffisamment d’échanges de nos jours tous azimuts pour plaquer cette démagogie au buffet, véhiculée par certains, qui voudraient nous faire croire que la soupe est meilleure quand on met n’importe quel ingrédient dans la gamelle... sans discernement... plus y’en aura, plus ce sera bon... c'est disent-ils l'évolution... Des clous !!!
Dans l’abus on perd beaucoup...
même l'évolution (la vraie) a sa recette, son juste mélange... et puis le Gallois on l'aime gallois, l'Anglais bien bif... le Black bien black... l'Aussie kangourou, le Bok dur et pas doux... Le rugby doit préserver ses spécificités territoriales... c’est de l’art quand c’est bien fait... et l’art c’est la mesure... la singularité... comme en toutes choses réussies... Est modus in rebus comme on dit vulgairement devant un gobelet tinteur... De la mesure en toute chose si voulez... à bons entendeurs !
© Le Pilier