08 février 2011

LAPORTE / LE PILIER : RÉCONCILIÉS ?


Langue bien pendue...

« L'important était de gagner, a déclaré Bernard Laporte, dimanche sur RMC, au lendemain de la victoire du XV de France contre l'Ecosse. Mais quand on voit le match, on se dit qu'il y a trop de joueurs moyens pour dire que c'est une grande équipe de France. C'est aussi simple que ça. A certains postes, on a trop de joueurs moyens pour espérer mieux. Tout le monde marque des essais sur des ballons de récupérations. Il faut occulter ça. Parlons des vrais problèmes. L'Europe, c'est le rugby des pauvres. Ce n'est pas l'Australie, les All Blacks, l'Afrique du Sud, au niveau de l'intensité, du volume de jeu. On n'est pas plus rassuré aujourd'hui qu'hier. On a marqué trois essais contre de valeureux Ecossais, qui tiennent le ballon mais pour ne pas faire grand-chose. C'est un rugby de deuxième division que l'on voit. On est dans la même m… qu'avant le match. On ne peut pas se satisfaire de ça. »

Parait qu’au p’tit dèj croissants kawa Bernard Laporte jubile de nos bagatelles. Nos lecteurs de longue date savent ce que pensions du gazier quand il officiait dans les vestiaires du quinze de France... pour les autres yaka mater les zarchives. Pas rancunier pour un crampon... a bien raison du reste... le voilà solidaire de nos propos. Oups !!!
« Un rugby de seconde division... comme l’exprimions le soir de France Ecosse... de pauvres (ça c’est lui)... que niveau intensité de volume de jeu c’est pas l’hémisud ? Qu’on n’est pas plus rassuré qu’hier... qu’on ne peut se satisfaire de ça... et bla et re bla...» Veut copiner ou quoi le gazier ?

Quoi qu’il en soit ses propos pour le moins fermes et directs correspondent à la réalité des choses. Pourtant cette manière de dire qu’il y a trop de joueurs moyens dans la team n’est pas des plus habile. Va pas nous faire la leçon non plus. Savons tous ce qu’ont engendré ses années à la tête des Bleus... on ne va pas s’étendre, en avons largement causé et l’avenir appartient au présent. Ouarf ! Sûr que n’avons pas pléthore de grands gaziers... ce qui pour nous est différent, bien qu’on ait du mal à le croire. Ne connaissons pas assez les gonzes du Top, c’est un fait... mais il est difficile d’admettre que la nation soit exsangue de mastards.

Que sont donc devenus ces jeunes prometteurs, champions du monde des moins de vingt ans il y a peu ? Pourquoi Dupuy n’est pas sélectionné, pour ne parler que de lui... on lui préfère cette passe mollassonne de Yachvili qui une fois de plus, si zêtes attentif, balançait du cuir mou de chez guimauve aux genoux de son ouverture... qui doit se baisser, se relever pour armer son tir, voire démarrer sa course. Tu parles d’une dynamique. Une passe bien ferme et ajustée vous dynamise... engendre vitesse du receveur... l’exemple de Trinh Duc qui passe son cuir entre les jambes pour envoyer Harinordoquy à l’essai en témoigne. Plus que le geste audacieux et malin, c’est la transmission très rapide qui occasionna l’ouverture vers le try. Ça vous fige l’adversaire cette rapidité... ça propulse le receveur. Le cuir ira toujours plus vite qu’un gazier, c’est connu... et là c’était parfait... c’est la vitesse d’exécution qui prime, devant le recepteur, au niveau du plexus... pas aux épaules, ni aux chevilles, ni derrière comme on le voit trop souvent... ce qui ralentit la course de l’attaquant. Un art ce geste, que les Français ne maîtrisent plus depuis des lustres.

Pour nous le problème est structurel... dab, bien qu'entre autres. Les Bleus ne se préparent pas assez ensemble... les sélectionneurs, entraîneurs et coacheurs d’hexagonie ne sont pas à la hauteur.

On ne sait pas former les jeunes, les orienter, les contraindre tout en laissant s’affirmer leurs qualités sans les brider. On le sent quand ils jouent. Ne savent pas quoi faire parfois... ne sont pas à l’aise. Ne se connaissent pas assez... appliquent des figures mal digérées... manquent de technique. Lors du dernier match avons vu grandes débauches d’énergie dans les rucks notamment... sans soudure véritable... on pousse, on déblaye façon village gaulois contre les romains... bordélique... pas exactement dans l’axe... on déborde, on dépasse... on se fatigue... sans récupérer comme font les Blacks ou autres d’hémisud... le soutien ne pousse pas toujours au râble du porteur... en sus quand un s’échappe on balance le cuir un peu n’importe comment, ça ne suit pas vraiment au croupion... proche... il y a du cœur mais pas de tête... d’ailleurs ne tiennent pas les 80 minutes. Les trous en défense sont aussi l’effet d’une fatigue évidente.
Manquent de condition physique ?  
De potion magique ? De perlimpinpin? ... Arf !
P'têt ben... mais manquent surtout de technique...  doivent apprendre à se relayer, doser leurs efforts... tempérer... bref... un gros paquet de choses.

Un exemple que développions ici il y a quelque temps semble valider notre thèse. Souvenez-vous rapportions cette anecdote du jeune fiston d’un pote, titulaire en cadet d’un grand club Français. Plein de fougue, de cannes, de vista... bon joueur... un passionné qui, nous disait-il, travaillait exclusivement des figures mais jamais vraiment le geste, la technique à proprement parler... les fondamentaux... placage, réception... et notamment la passe. Son pater trouvait ça effarant... en avait fait part aux entraîneurs  
qui l’ont renvoyé dans ses 22 prétextant que le rugby moderne avait changé... qu’il fallait tout dab travailler des figures pour se mouvoir sur un pré. C’est dire. Le jeune de plus, s’ennuyant ferme à l’aile ne recevait quasi pas le cuir... un comble chez des cadets où ça doit jouer dans tous les sens bien avant de se contraindre dans un système figé... Facile ça le système quand on possède les fondamentaux... bien le temps de s’y fondre en sénior.
Le fiston, lassé de ne pas s’amuser, a quitté le club... p’têt même le rugby. Doivent prendre leur pied nom d’une pipe ces marmots, avant toute chose... trouver plaisir dans la maîtrise du geste, la fluidité collective, avant la répétition certes nécessaire des figures.
La passe dès lardon... le collectif... le placage... le positionnement dans l’espace... les trajectoires... sont les principes fondamentaux de l’apprentissage. Junior on doit être parfaitement à l’aise avec ça. Sommes effarés de voir que ne savons pas encore lancer de belles attaques en équipe de France... ou trop rarement. On marque essentiellement sur des ballons de récup...

Pour conclure sur un bon moment. La course de Rougerie, son coup de pompe étaient superbes, comme les cannes de Médard, sur le premier essai.... un grand moment... mais ce dernier devrait jouer arrière... sa vraie place... une trempe de grand gazier celui-là si on lui laisse du champ... au propre, en clair, comme au figuré ! Yeah !
© Le Pilier