Notre académicien palmé, spécialiste des bastons en groupes organisés, King Fredo... professeur émérite à la chaire romaine d'histoire du CFGP (collège de France des Grands Pâtis), nous propose ce brin d'analyse en s'appuyant sur des documents authentiques, retrouvés intacts sous les décombres du camp de Babaorum, après que certains de nos ancêtres enivrés y rudoyèrent les locataires !!!!
Toujours des leçons à tirer des anciens... quand l'ombre des lauriers du grand Jules se répandait par delà les zalpages et la belle bleue, sans pour autant mettre au pli notre village d'irréductibles Gaulois, qui, il est vrai, possédait la roborative potion magique, dont on a, bien hélas, perdu la recette !!! Arf !!!
La chronique à Frédo
A vos pilums !!!
Prenons exemple sur les méthodes d’entrainement et de combat de la légion romaine qui lui aura assuré une domination séculaire sur un empire immense (sources wikipédix !) et retenons l’essentiel : ces méthodes incluaient (entre autre) une flexibilité des tactiques et des méthodes, un sens aigu de la discipline et une cohésion apportée par l'idéal de la citoyenneté romaine.
Analysons un par un ces éléments et la lecture que cela peut nous apporter vu la pauvreté actuelle du jeu des équipes européennes, puisque cette médiocrité nous parait être partagée par l’ensemble des acteurs, au regard de ce que nous avons vu récemment. Sous l’angle des tactiques et des méthodes, nous attaquons tout de suite dans le dur du problème n°1, qui est de savoir si il y a en a une, de tactique, tant la désorganisation des équipes est flagrante en termes de placement principalement.
Loin de nous l’idée de vouloir arrêter l’analyse de ce jeu aux schémas sur tableau noir, toutefois il nous semble tout à fait pertinent de s’inspirer des plans tactiques des guerres romaines.
La légion romaine a réussi le tour de force de standardiser ses plans de bataille (sur des années, après des victoires mais aussi des défaites retentissantes) avec pour le dire vite un plan type majoritairement utilisé.
Son analyse est fort intéressante, en gros ils construisaient leur placement en 4 rideaux, constitués au départ de troupes distinctes, dans un but simple, celui d’épuiser l’adversaire lors de ses assauts en opposant en face une force perpétuellement renouvelée. En effet, les 1ères lignes même affaiblies se repliaient par les espaces laissés vacants volontairement ou par les côtés pour renforcer les derniers rangs et ainsi par vagues successives résister puis anéantir l’adversaire par épuisement en quelque sorte.
Ce point nous semble majeur dans l’analyse du jeu de l’hémis Nord et de son problème récurrent de la réorganisation sous la pression. Après x temps de jeu, plus d’effet de lignes, groupements aléatoires de joueurs, disparition de la continuité territoriale pourtant essentielle.
Derrière ce standard universel, ils disposaient également de solutions alternatives
Intéressant de constater que la tactique du centre faible est très proche de celle du trou laissé béant que mettent en oeuvre les AB’s, où l’on conduit finalement l’adversaire, là, c’est choisi au préalable, en le leurrant, sur la résistance présumée ou sur un espace soi-disant disponible.
La flexibilité des tactiques est de devoir considérer que ces schémas ne doivent pas occulter l’absolue nécessité d’adapter les réponses au contexte (déjà l’intelligence situationnelle). Les romains tenaient compte pour les batailles donc du relief par exemple, en s’en servant comme on peut se servir de la ligne de touche comme dernier défenseur.
Derrière le schéma tactique les romains déployaient ensuite des formations, différentes en fonction de l’avancement de la bataille, on dirait aujourd’hui des figures imposées, dont une des plus connues, efficace face aux archers, est celle de la tortue.
Au delà de la question des compétences de chaque soldat, comme on dirait aujourd’hui de chaque joueur (force, endurance,...) cette figure illustre le rapport entre l’individu et son collectif qui s’intègre dans une organisation.
Peu importe que le soldat sous son bouclier s’appelle Flavius ou Brutus, le schéma collectif est tellement fort, abouti, préparé, robuste, fiable qu’il dépasse et surclasse les individualités.
La force des AB’s vient de l’impression que chaque joueur est interchangeable et pour autant que l’organisation tactique, technique, la fluidité du jeu n’en pâtit pas et reste à son niveau, toujours excellent.
C’est tout à fait possible, mais cela nécessite des conditions essentielles, résumé très simplement : un schéma tactique d’ensemble, connu de tous, travaillé, répété, avec des figures imposées, variables en fonction du moment, tout en restant flexible et adaptable.
Le déficit en termes de figures et de schéma partagé par tous est actuellement tellement criant qu’il conduit à une conséquence absolument désastreuse, jamais vu jusqu’à présent, les engueulades entre joueurs. Le rugby est le sport collectif par excellence, où l’individualité prime peu. On assiste là pile en ce moment, chez les joueurs, à une espèce de recherche de culpabilité (té pas là où y faut!), une tension croissante, une cohésion qui faillit tellement la désorganisation est énorme et laisse ces fantassins complètement désorientés.
Enfin, les discours de stratèges laisse mesurer le vide abyssal de leur intellect, penser un seul instant qu’il suffirait de changer de poilu (ouvrir le groupe à de nouveaux joueurs...) pour retrouver des issues heureuses, illustre le peu de compréhension d’un raisonnement pourtant simplex, difficile à mettre au point certes, mais simplissime.
Il ne peut y avoir de réponse individuelle, d’abord doit primer la réflexion, l’organisation et la tactique pour intégrer l’individu dans un collectif. Un collectif ne se crée que si il lui est proposé une méthode, un protocole qui le soude, le renforce, le nourrit.
Donc rien à secouer de la muscu, au diable les seuils anaérobie, d’abord faire travailler le disque mou, mais cela nécessite un chef d’orchestre, un vrai, on s’est compris, Fred ze King a déjà répondu là-dessus.
© King Fredo