Supers héros
Le rugby pour un môme est constitué de héros. Genre de gaziers phénoménaux, surhumanité que l’on s’empresse d’imiter durant la guerre des ballons. Serrer la pogne d’un géant Spanghero à la sortie des vapeurs d’un vestiaire, encore dégoulinant, filer une tape sur l’épaule de Maso sur un pâtis narbonnais... saluer le double mètre biterrois Estève sur un bord de méditerranée... fantasmer sur Gareth Edwards... beaucoup de jeunes ont rêvé de ça, avec d’autres noms au panthéon. Quand jouions au rugby sur le pré ou durant la récréation dans la cour de l’école, à même le bitume... pantalons troués... tabliers déchirés... chacun portait un nom emprunté. Ces fabuleux gaziers, partie vibrante de notre imaginaire, faisaient office de super héros... nos X-men à nous... s’approprier leur nom était un peu posséder de leur force, sinon leur courage, leur souplesse, leur vista. Devenir aussi fort qu’eux était notre intime désir, le rugby d’un lardon est aussi fait de ça !
Une amitié de jadis, camarade de joute et solide gaillard s’affublait même d’un gros bandeau de tissu blanc sur le caillou, découpé dans un drap décomposé, pour ressembler à son idole Mervyn Davies, le troisième ligne Gallois fluide et grand sauteur de cette fabuleuse équipe du poireau, qui remporta pas moins de sept tournois d’affilé, de 69 à 76... dont deux grands chelems ! Le Pilier au souvenir limpide de ces années bourrées de coups, d’idoles immortelles, saluant son camarade d'empoigne dont il a perdu la trace, rend hommage au grand Davies disparu il y a cinq jours après une longue maladie, probablement envolé au panthéon éternel du grand XV... l'empyrée du rugby... des moutards ! © Le Pilier