Bien agréable de retrouver les Blacks sur le green. A bavasser sur l’état de nos cocottes, on en oublie l’essentiel. Le rugby ! Or, s’il est vrai qu’une belle rencontre digne des plus fervents enthousiasmes nécessite deux équipes de même calibre, mater les Néoz dans toutes les circonstances reste un plaisir sans pareil. Car enfin, on peut y voir, apprendre, apprécier, redécouvrir, les figures les plus abouties, un sens du collectif hors norme, un engagement total, une maîtrise du jeu incontestable. De quoi parfaire l’éducation de n’importe quel lardon, désireux de manipuler ce divin cuir et de vouloir se mesurer avec ses camarades. Plutôt que de ratiociner sur les raisons de nos échecs d’ici, qui dans le fond sont simples comme des évidences, on se doit de montrer aux jeunes celles, précises, de la réussite séculaire de la plus grande nation du XV. Le rugby étalon est sous nos yeux, et nos déblateurs d’hexagonie n’en tirent jamais d’enseignement ! C’est dire l’état de nos cassis !!!
Une joute ne cache pourtant rien, sinon le temps de répétition des gestes, la préparation, la posture intérieure des gaziers, les vertus fondamentales qui sous-tendent un apprentissage laborieux… tout un état de choses oublié par beaucoup, qui pourrait faire penser à ces nigauds de supporters du dimanche, que le rugby n’est pas si compliqué, qu’il suffit d’avoir une détermination suffisante, et qu’on pourrait faire la même chose pour peu qu’on s’y emploie. Des clous !!!
Nos coutumes ne nous aident pas… nous phagocytent, nous plombent, nous empêchent de nous renouveler, de nous comprendre, de nous étudier... de regarder la vérité en face. Car quoi, depuis des lustres une simple victoire contre les Blacks, on en prend pour 20 ans de baratin, on le ressasse, on le répétitionne, on en bouffe jusqu’à la mort des protagonistes, jusqu’à la disparition de Mathusalem, jusqu’à la fin de l’épuisement de l’ultime attention !!! Arf !!! Puis on dit : ils sont prenables et basta… sans aller plus loin, sans tirer même parti de la victoire, sans plus vouloir réitérer l’exploit. De plus, on inculque des fadaises à nos marmots, des sottises, on les trompe, on ne leur enseigne pas les fondements, on les prive de la sublime vérité du pré et toutes ses vertus !!! Arg !!!
Il y a de la philosophie somme toute dans cet aveuglement, d’une anecdote on fabrique des épopées nous… des zodyssées... pas besoin de forcer outre mesure, d’un simple fait on se nourrit 40 années. Rien à dire, sinon que le reste du temps on s’ennuie ferme, des joutes nationales, des boniments, des crasses palabres, des foutaises, des fadaises, des pesanteurs, des roupillons… de l’incompétence… bref du rugby d'ici... on ne parle pas aux jeunes comme on devrait.
On doit reconnaître cependant, que le Pilier parle en son nom, et probablement celui de quelques réels amateurs de rugby prêts à rompre paille avec ce pâtis qui ne nourrit désormais plus que du bovin !!! Arf !!! Car bon nombre de cocardiers savourent visiblement ce médiocre état des lieux… les stades sont pleins… en quinze ans nous dit-on, les salaires des joueurs ont augmenté de 130%. Alors ? Doit-on faire la part des choses, et dire que le rugby hexagonal ne s’adresse pas à nous et voilà tout ? On devrait. © Le Pilier