14 juillet 2015

PACK DE SIX 2

Préparation à la coupe du monde 2015
Les personnages sont les mêmes que ceux de l'épisode précédent.

C'est le 14 juillet… « Faut rendre hommage à la Nation » s’écria l’Adjudant alors que le trio discutait encore de la pétanque d’hier soir… un point litigieux qu’avait pas digéré le gros Bob. Boules en pognes il voulait sa revanche presto avant l’apéro. L’Adjudant s’enquit d’un « ya mieux à faire » radical qui laissa tout le monde pantois. On sentait bien qu’il avait son idée fixe et voulait imposer ses vues. 

Bob – Mais sacrebleu, d’abord une partie en trois manches… on verra après. 
L’Adjudant – Pas question, c’est l’heure des Champs Elysées, on se doit de respecter ça. 
Le Pilier – Tous en kaki, on fait la partie… 
L’Adjudant – Pas suffisant !!! 

Le Pilier dubitatif sinon inquiet, craignait la mise en pratique active de sa trouvaille littéraire. Le fameux bouquin qu’a réponse à tout, qu'il nous montra hier soir (cf épisode 1). Mais quès qu’il avait dans le cassis l’Adju ? On était juste là pour siroter l'air ambiant après tout. On voyait cependant que la troupe ne voulait pas contrarier le gradé non plus, ce vrai crâne d'aventurier qu’avait fait ses campagnes et nous arrosait d’histoires rafraîchissantes plus ou moins inventées. En somme on respectait sa religion. Et puis c’était un bon compagnon, féru de cuir bien sûr, avec qui on se matait les chicores ovales en prenant bien soin de nos zygomas. Et puis il faisait trop chaud pour un carreau !!!

Le Pilier – Ok, on plante la guitoune sous les arbres, on sort l’artillerie, je m’occupe des glaçons… 
Twix – Des glaçons kakis… 

C’était clair, on y mettait vraiment du nôtre pour faire plaisir au juteux. Il ne broncha pas.

Bob – Mais balancez-nous votre idée mon adjudant, que diable… précisez, c’est quoi la mouche qui vous taquine la guérite ? 
L’Adjudant – Faut un acte symbolique fort aujourd'hui, un coup de trompette historique, une vraie commémoration, un recueillement… 

Lucien arrivait à peine, en bermuda colonial, chapeau de paille, chemise en lin, désinvolte, on le mit au parfum. Ça rigolait gentiment, le Celsius continuait sa grimpette, fallait se mettre aux abris. Certes un bout de terrain était à l’ombre pour le bouchon... mais pas systématiquement pour les joueurs... yavait des grosses plaques de soleil un peu partout, comme l'exprimait Bob un rien dépité. 

Lu – Un acte symbolique fort dites-vous ? Twix, pianote voir sur ton écran, cherche un 14 juillet qui a marqué la grande histoire de France.
On sentait bien qu'il avait frappé entre les perches. C'était la bonne voie pour un acte costaud. Tous se rapprochèrent de l'écran, on ressentait même un on ne sait quoi d'excitation qui palpitait vaguement sous l'ombre fermée des platanes centenaires, atteignant jusqu'à l'humeur feinte surprise de l'Adjudant, qui souffla quand même à Twix la direction à prendre. Il avait son idée bien dans la tête. Il souria. 

L'Adjudant – Tiens voilà, c'est ça... mais oui bon sang… là... le XV de France… Galion... Averous... vous captez les filles ? 
Twix – Cété qui ces mecs ? 
L'Adjudant – Pour de vrai en étaient ouais... des gaillards, tu vidangeais pas encore dans tes couches toi, peux pas deviner… 
Le Pilier – Il a raison le Colon… le 14 juillet 1979… les Bleus... Galion, Rives, Joinel, Codorniou ont mis la pâtée aux Blacks sur le gazon de l'Eden Parc D'Auckland... scuzez du peu !!! 
Twix - Rives je sais qui c’est, Codorniou aussi d’ailleurs, le Pilier n’arrête pas de me bassiner avec ce joueur quand il évoque les super héros de son enfance. 
L’Adjudant – Ah tu parles d’une troupe, zavaient du flair les biffins… plier le terrible Graham Mourie pitaine des Blacks, l’avait même planté son essai si me souviens… tiens vérifie ça Twix sur ton machin… un vrai combat...
Aussitôt dit, fait… Twix nous dégote toutes les infos et nous sort même une vidéo le pack autour de lui. Pour sûr il prenait du galon avec sa tablette numérique le gamin. L’Adjudant ravi de cette démarche nous proposa de mater ce grand moment d'histoire en secouant ferme l’épaule du malingre pour le féliciter de sa trouvaille. 9mn 50s d’images, fallait s’installer à l’ombre. Toutes ces discussions rendaient maintenant la pétanque impossible, trop tard. Bob était contrarié. Il bougonna un brin de temps « voilà les jeunes, tous à l’écran total… ». La partie était cuite. Mais on ne claque pas la boite comac à ce bas-de-gueule de Bob, surtout pendant presque 10 mn. L’Adjudant dirigea la troupe et le pack se retrouva comme d'accoutume sous la glycine de Lu. Bob n’arrêtait plus, causa de la percée de Joinel, du timing impec de Codorniou lancé "comme une bonbonne"… "un obus"reprit l’Adjudant… de la passe de Caussade, de l’essai d’Averous de celui solo de Galion. Ça tintinnabulait joyeux, les dix minutes durèrent une heure entière tant ça analysait tous zazimuts sous la frondaison épaisse et protectrice. L’Adjudant était aux anges, larmettes aux tempes, ça transpirait de partout rugby, on célébrait une grande victoire... il avait obtenu son acte fort, son coup de trompette symbolique !!! 
A suivre. © Le Pilier