15 janvier 2010

D'LA TÊTE ET DES POINGS

L'exemple à suivre
Après le terminus, on pose le bus, on souffle, allume la tige si besoin, pour ceux des poumons camelisés... pas de gros évènements en vue, de baston sup, on considère l’autour des pâtis... une tasse Européenne ce week-end, mais rien de plus.
Une question apparaît dans l’interlude suspensif derrière 
« l’évènement » ciné Invictus et ses brocards semble-t-il unanimes chez les bons critiques.  
Comment réussir 
un film sur le rugby, ou autre sport, sans tomber dans la caricature grotesque ?
Conseillions ici même au sieur Dupuy dans la précédente bafouille, de mater le premier film de Kurosawa la légende du grand judo, suggestion intentionnelle visant à introduire le sujet du jour. A ce propos donc, en guise de réponse à la question sus présentée, un autre exemple des plus parlants, imparable, livrera à notre lectorat attentif et affûté éléments nécessaires à la compréhension de l’enjeu : réussir la gageure... car c'en est une.

En matière de jeu, ce Blog est d’évidence réservé à l’aristocratie des sports de balles & de combat : le rugby, exclusivement. Savez tous ça. Pas rétif à la châtaigne avons apprécié cependant dans un registre tout aussi musclé, les prestations d’un modèle gagnant, grand dézingueur de tronches, jongleur de cuir greffé sur des paluches précises au bout de bras affûtés, lestement efficaces, au jeu de cannes léger, dansant, celles de l’emblématique  
Cassius Clay quand il sévissait sur les rings.
Certes avons plusieurs fois eu l’occasion de regarder des films sur la boxe, Raging Bull avec de Niro, Rocky one with Stalone... pour les plus connus.  
Pas des navets, ni des merveilles,
de quoi se divertir à peine, quelque soit le flan médiatique laudatif encore d’actu, considérant le premier en tout cas comme une grande réussite du genre. Comme le disions, en matière esthétique à  
chacun sa catégorie 
et ses menus plaisirs !
Non, le vrai film sur la boxe, frais, léger, rebondissant, pourtant subtil et bien mené, comme en guise de réponse à la question du jour, date en fin de compte des années quarante, avec un sémillant acteur et de vrais gens comme peuvent le comprendre ceuss qui savent de quoi on cause.
L’acteur c’est Errol Flynn, la toile Gentleman Jim.

Une réussite ! ya tout Cassius dedans, à nous faire penser que c’est le film culte du grand champion. Tout cas, sans doute aucun, a du le voir et l’apprécier. Similitude en sus parfaite avec le rugby, on y présente l’art de l’évitement, où le gros fort musculeux se fatigue à ne miser que sur la force et le subtil plus réfléchi sur le souffle et  
le kairos, le moment opportun si préférez, en Grec ancien, où l’on décoche le coup vainqueur qui engendre le KO. Ce dernier, comme le savent les connaisseurs n’est pas tant le fait de la puissance du crochet, bien qu’elle fasse partie intégrante de la panoplie, mais surtout celui de l’impromptu, quand l’adversaire ne s’y attend pas. Le KO c’est ça ! On n’a pas vu venir le coup !
Pour en revenir au film proprement dit, les scènes de boxes sont bien filmées... on pige toute la subtilité du gazier Corbett, le héros... son jeu de guibole, sa grâce dans l’évitement à la manière du grand Cassius... et probable du vrai Corbett.
Un film en tout cas qui répond à la question du jour... si tant est que vous en analysiez la structure, en décortiquiez les raisons... à vous le taf mais la réponse est là!
Connaître donc son sujet, la gestique, les enjeux... dégager le figures marquantes, en piger les subtilités, montrer qui excelle, pourquoi... dévoiler cet art du leurre propre à tous les combats...

Scorcese et Stalone à côté, 
c'est du bibi, du simili...
Pour le second c'est plutôt l'enclume, la simple idée du vouloir à tout prix... cœur gros comac, courage sans tronche avec. Rien sur le style, les subtilités... dialectique de l'esclave. Plus c'est gros le biceps, plus il aime ça et se fait toujours avoir. Pour les noeuds en somme !
Matez donc si ne connaissez pas, sorti durant la seconde guerre mondiale en 42, rematez si connu, c’est intelligent, parfait sur un sport étrange, certes courageux, pourtant difficilement totalement apprécié du Pilier. Le cortex est un bien précieux, on ne s’amuse pas impunément à marteler son coffre... l’habile Cassius en est un  
« vibrant » témoignage... autrement dit, la tête est faite pour penser, éviter, par pour défoncer des murs !

Clint Eastwood a raté son pari aussi pour cette raison sans doute. N'y pompe rien au XV. Bon il est c'qu'il est. Un p'tit réal dans l'histoire du ciné... c'qu'est Onfray à la philo Bonux si voulez !
Même si on cause de Mandela, ya du cuir dedans. On se doit de connaître le jeu, respecter les stylèmes, faire comprendre à ceux qui n’y panent rien quels sont les enjeux, donner des infos sur les règles... faire entrer le quidam au cœur de la mêlée, montrer les subtilités qui font de ce sport le huitième art quand le divin metteur en scène organise la joute, que le casting est parfait et que les acteurs s’entremêlent dans une danse musclée et s’enivrent de transmissions aux vibrations des trajectoires. Ach !
Pour ne parler que rugby bien sûr... quant au reste, si ça démagouline Hollywood, c'est l'étiquette qui veut ça, non ?
© Le Pilier
Gentleman Jim, film américain réalisé par Raoul Walsh en 1942 inspiré de la vie du boxeur James J. Corbett.