27 mai 2008

PICK & GO : LA SOLU DU PILIER


Épisode 4
Elles nous tuent, nous puisent, nous enivrent, nous dominent… nous aiment sans doute… un peu trop peut-être... Même pour un Pilier de cet acabit, deux gisquettes en la couche ça impose sa présence, son attention… ses figures, son tempérament, sa fantaisie, son engagement durable. Icy, Grenelle n’est pas mot, il faut tenir promesses. La demande est pressante, l’amour a toujours soif... Mais sommes de ces modules altruistes qui n’attendent en retour du service accompli qu’une simple affection, soulignée généreuse d’un ravitaillement roboratif nécessaire pour retourner au front… Une omelette aux pommes de terres grillées, du jambon de pays, deux tartines maison de pain frais croustillant, confiture du terroir, croissants au beurre de Normandie, jus d'orange, un zest de liqueur poussant un café noir dans un gosier sensible. Et c’est ainsi, repu de calories, que nous commençons une journée pluvieuse comme on aime, fraîche de ces promesses que notre travail affectionne.

Avons donc savouré cette finale de Cup, comme le disions lors des précédents épisodes, a contrario semble-t-il d’une engeance bougonne, pleureuse Niçoise, frêle, sans idée, toujours à râler contre des plus forts... qui s’est plainte du peu d’élégance des Munstérois, s’appliquant à pilonner sans création de jeu. En faux nous inscrivons et bousculons ces fatalistes. Munster a donné une copie parfaite, eu égard à la gestion du match, leur qualité première, la valeur de l’adversaire, la tempétuosité d’un certain joueur Toulousain, capable à lui tout seul de renverser le cours du jeu… (cf. épisode 3). S’ils conservent le cuir c’est qu’ils ont les moyens… stratégiquement c’est parfait. Alors comment contrer ces successions de Pick & Go, sources du mécontentement de certains ? En lâchant du lest pardi !!! Mais il faut être synchro, souple, audacieux…

Ces figures commençaient dans le camp même du Munster… après deux ou trois moments, il fallait se retirer ensemble pour leur filer du champ… les laisser courir pour dessouder le groupe, leur empêcher ce raz-du-pack et tenter par des cartons 45° de déstabiliser le porteur pour lui subtiliser le cuir… par exemple. Paradoxal non, de laisser du champ, voire reculer quand la crainte est présente ? Pourtant, bien menée, coordonnée, c’était une manière de modifier la donne. Le porteur de la balle en courant se découvre, pas de raz-du-pack comme on l’a vu… ce qui est quasiment impossible à empêcher car il conserve son cuir, trop bas pour être retourné par l'adversaire.

D’une certaine manière c’est sensiblement la même façon de procéder quand se forme une cocotte. La règle dit bien que s’il n’y a pas opposition, les joueurs adverses peuvent venir plaquer le porteur du ballon sur le côté, et partant arrêter sur le champ la progression, en économisant des forces. Cette figure est très peu appliquée, bien hélas. L’avons vue une ou deux fois, c’était remarquable d’efficacité, et le pack dominant s’est fait subtiliser le cuir. Car le talonneur bien derrière, plaqué, a dû lâcher la balle, ses avants devant lui ont mis du temps à se retourner, un des flankers adverse a saisi le ballon pour relancer l’attaque de ses propres 22.
Pourquoi dans ces cas-là, le rugby ne devrait se contraindre qu’au contact ? Pourquoi s’imposer une résistance quand le recul peut décontenancer l’adversaire. Façon arts martiaux du levant. On laisse venir, pour détourner la force de l’autre et annuler sa fougue… déstabiliser son organisation quand il s’attend au contact et ne reçoit pas d’opposition… un rien de temps vous saisissez… mais suffisamment pour le perturber. Quand l'adversaire en impose par une organisation par trop contraignante, on doit bordéliser, sortir des schèmes communs, perturber l'attendu !!!

Certes il faut du sang froid, de la maîtrise, de l’organisation, ne pas avoir peur de laisser du champ libre pour que l’adversaire se découvre et ne reste plus insaisissable au raz de son pack… difficile en effet, mais c’est une manière très efficace dans certains moments choisis, de scinder cette cohésion adverse, comme c’eut pu être le cas durant ces longues minutes de la seconde période qui figèrent les Toulousains dans l’espace imposé par le Munster. Avons vu la chose en acte, ça fonctionne du tonnerre de Vulcain car c’est inattendu. Si on vous impose une figure trop difficile à contrer, contre-figurez… refusez-la… ventre mou un rien d’espace… puis percutez ferme… qui à prendre une pénalité si vous êtes encore dans le camp adverse…
Voilà pour la p'tite solu qui bien que modeste n'en est pas moins géniale. Copyright le Pilier... même si tout le monde peut en profiter.

O’Connell et ses camarades ont joué parfaitement le coup, cette manière aurait été judicieuse pour les surprendre. Leur laisser du champ, qu’ils se découvrent. Faut certes du culot, mais gageons que des figures de ce type seront appliquées dans le futur pour une réelle évolution. Ne sommes pas pour toucher en permanence aux règles. Il suffit. L’intérêt c’est de bien la connaître pour s’en servir. Les Français ont toujours du mal avec les règles et se plaignent d'injustice quand ils sont impuissants... belle mentalité !

Munster en sus d’un Pack plus frais, à l’instar d’un O’Connell magistral, malgrè leur moins de cuir en première période, avaient des attaques plus lancées, plus vives, plus toniques… mais il est vrai qu’ils ont un véritable ouverture… même s’il n’a pas été exceptionnel. Du reste, venus peu de fois en première période chez les Toulousain, ils ont marqué un essai.
Nous y reviendrons.
A suivre.
© Le Pilier